Jacques Solletty
« Je me défends d'être un paysagiste, je traduis l'émotion qui est en moi devant le paysage mais pas le paysage ».
- Olivier Debré.« J'utilise le noir mais le noir n'est pas le vrai instrument de ma peinture, l'instrument de ma peinture, c'est la lumière réfléchie par des états de surface du noir ».
- Pierre Soulages.
À travers mes photographies, je recherche avant tout la lumière, la couleur et la matière. La représentation du paysage passe
au second plan. Peu importe que l'on reconnaisse ou non ce que l'on voit, ce sont ces aspects (lumière, couleur, matière)
qui priment. Par exemple, un rocher ou la mer ne doivent plus être considérés comme tels mais comme masses colorées,
que ce soit noir, blanc, doré, brun ou tout autre couleur rendue possible au travers du filtre qu'est l'appareil photo.
Le paysage quitte alors sa réalité de paysage et tend vers une certaine abstraction et vers l'émotion. Le référent est encore
manifeste (vagues, ciel, nuages, bateaux, etc) mais en même temps, suffisamment avare de détails (perte d'échelle,
traitement frontal, renversement) pour que le spectateur puisse y projeter son propre bagage émotionnel.
Ou, comme l'a écrit Luc Jeand'heur à propos de mon travail : « Prendre de la distance avec le sujet photographié,
c'est l'interpréter, c'est aussi le faire interpréter par le spectateur, c'est demander d'inventer, d'imaginer :
ce qui est, ce que je vois, ce que cela crée ».*
Jacques Solletty - 2015
*Extrait du texte "Pictures" rédigé pour l'exposition : "Réalité d'image" - Galerie du Tableau, Marseille, du 29 juin au 11 juillet 2015.